Grèves : vers de nouveaux usages en matière de mobilité urbaine


Rédigé par Yannick SOURISSEAU le Mardi 3 Avril 2018 à 16:29

Les cheminots sont entrés en grève hier soir. Les trains de banlieue, les Intercités et les TGV sont fortement perturbés, laissant sur le bord des quais bon nombre de salariés. Cette grève qui risque de s'installer dans la durée oblige les salariés à s'organiser et essayer des solutions alternatives de mobilité, celles qu'ils utiliseront peut-être dans la ville de demain.


La voiture partagée, préfigure la mobilité de demain (Photo Actu Orange)

C'est d'abord une mauvaise nouvelle, une mauvaise chose pour les 4 millions et demi de Français qui prennent le train tous les jours », a déclaré le président de la SNCF à déclaré le 15 mars dernier sur TF1, a l'issue des négociations entre l'entreprise publique qu'il préside, le gouvernement et les syndicats de cheminots qui se mobilise pour la préservation de leur statut.

Si dans ce conflit, personne n'envisage de s'en laisser compter, ce sont surtout les millions de salariés qui empruntent chaque les réseaux ferrés, pour se rendre sur lieu de travail et notamment à Paris, qui sont les plus pénalisés. Les syndicats de cheminots le savent mais ils n'ont pas envisagé d'autres solutions pour faire plier le gouvernement et leur direction, au risque d'être impopulaire auprès d'usagers qui doivent se préparer à un mouvement de grande ampleur. L'intersyndicale CGT-Unsa-Sud-rail-CFDT Cheminots a prévu 36 jours de grève sur trois mois, a raison de trois jours par semaine. Et avec les vacances de printemps qui se profilent à l'horizon, la tension devrait monter rapidement.

Sans le savoir, les cheminots vont permettre aux utilisateurs des trains de tester, par obligation, de nouveaux usages en terme de mobilité. Covoiturage, bus longue distance, VTC font partie de la panoplie de services alternatifs proposés par la direction de la SNCF qui entend bien ne pas abandonner ses voyageurs sur les quais. A cela s'ajoute le covoiturage, encouragé par la région Ile-de-France (*) qui en finance la gratuité les jours de grèves, dont IDVroom, la filiale covoiturage de la SNCF. Sans oublier le  Comotorage, le partage du siège de moto. Dès hier soir les plateformes de réservation des bus et de covoiturage ont enregistré une très forte augmentation du nombre de consultations, de propositions et de réservation de voyages.

« Le covoiturage, est un service permettant de gagner du temps, d'économiser de l'argent, avec en outre un impact flagrant sur l'environnement. Mais est-ce vraiment le seul ? Déclarait hier soir Aymeric Weyland, Managing Director d'Autonomy, une société française indépendante dédiée à l'amélioration des déplacements dans les villes. «  Et si ces grèves permettaient de mettre en lumière toutes les tendances d'une mobilité nouvelle ? »
 

« On commence à avoir une vision assez claire de ce que peut-être une mobilité urbaine, intelligente et efficace »


Une question intéressante. Si les bus longue distance peuvent assurer, pour un moindre coût et une durée plus longue, des liaisons intercités, des véhicules connectés et autonomes, plus propres et plus sûrs qui répondent aux nouveaux enjeux en matière de responsabilité des conducteurs pour les véhicules automatisés et sur l'intérêt qu'a le consommateur a investir sur la mobilité urbaine de demain, pourraient rapidement voir le jour. C'est ce que révélait en décembre dernier l'étude « Global Automotive Consumer Study France » lancée le cabinet d'études Deloitte et le constructeur automobile BMW, laquelle précisait que les constructeurs travaillent activement sur le sujet. De nouvelles habitudes et de nouveaux marchés pour les constructeurs.

« On commence à avoir une vision assez claire de ce que peut-être une mobilité urbaine, intelligente et efficace. On sait que c'est quelque chose qui sera moins polluant, moins sonore, plus efficace, moins consommateur et qui nous rendra de meilleurs services » souligne Guillaume Crunelle, responsable de l'activité automobile chez Deloitte France. « On vit une époque formidable, pleine de potentialité et la voiture n'a jamais été vivante qu'aujourd'hui dans ce nouvel espace de mobilité urbaine ».

Si la voiture autonome, comme le vélo et les transports autonomes, y aura toute sa place, elle sera aussi partagée par les travailleurs qui fréquentent les mêmes entreprises, aux mêmes horaires et qui d'ordinaire empruntent les mêmes itinéraires. La voiture polluante, utilisée par une seule personne, telle que nous la connaissons aujourd'hui n'a plus sa place dans les centres urbains et les collectivités sont de plus nombreuses à l'interdire et à encourager les usagers mais aussi les entreprises à recourir à des solutions alternatives.

(*) La région Ile-de-France qui finance le covoiturage sur huit plateformes : Karos, Klaxit, IDVROOM, BlaBlaLines, Ouihop, Roulez Malin, Covoit’ici, Clem’ pendant les jours de grève, appelle aussi à « la solidarité entre les usagers », selon sa présidente Valérie Pécresse.

Pour en savoir plus sur les solutions alternatives proposées par la région IDF, cliquer ICI






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